Je te fais un copier / coller de ce que j'ai écrit à ma copine pour lui expliquer ce que je fais :
Qui sommes nous? D’où venons nous? Voilà deux questions philosophiques universelles que beaucoup se posent ; et je ne suis pas une exception. Beaucoup de chercheurs, qu’ils soient philosophes, mathématiciens, physiciens et encore biologistes ont tenté de répondre à ces questions rudimentaires à travers les âges. Certains ont laissé leurs noms dans l’histoire et parfois même des paradigmes encore très largement discutés au sein de la sphère scientifique d’aujourd’hui.
De nombreux érudits se sont essayés à expliquer l’existence de l’Homme, mais également des espèces qui nous entourent. De la création divine en passant par la génération spontanée, une théorie a marqué à tout jamais le savoir scientifique : la théorie de l’Evolution. Il y a quelques 150 ans, Charles Darwin marquait les esprits imposant la future doctrine que toute nouvelle espèce n’est que la copie défectueuse d’une autre plus ancienne. La grande discussion scientifique d’aujourd’hui n’est plus de contrecarrer cette vision hérétique de la vie, mais de discuter des processus qui permettent l’émergence de nouvelles espèces et le maintien de la biodiversité. Darwin posait le postulat de l’adaptation à l’environnement par sélection naturelle comme immuable vecteur de l’apparition de nouveaux traits phénotypiques, autrement dit, de nouvelles espèces. Largement testée, cette hypothèse a traversé les années écrasant sur son passage toutes les idées censément révolutionnaires du début du XXème siècle.
La Science étant une quête en perpétuelle mouvement, il ne fallut pas attendre longtemps avant qu’un certain Motoo Kimura, mathématicien de formation, n’arrive enfin à son tour avec une toute nouvelle et néanmoins puissante théorie de formation des espèces. Ses travaux en génétique ont pour originalité l'utilisation de l'équation de diffusion pour calculer la probabilité de fixation des allèles, qu'ils soient bénéfiques, délétères ou neutres. En combinant une approche théorique de la génétique des populations avec les données disponibles sur l'évolution moléculaire, il a développé la théorie neutraliste de l'évolution dans laquelle la dérive génétique (et non plus la sélection naturelle) est le moteur des changements de fréquence alléliques. Un scission était née.
Nombreux sont les scientifiques qui ont alors rejoint le camp des adaptationistes ou des neutralistes, reniant ainsi en bloc les théories de l’autre camp. Mais voici que depuis quelques années, des médiateurs s’efforcent à réconcilier les deux camps. En effet, en statuant l’émergence par dérive génétique de nouveaux allèles non encore soumis à la sélection naturelle, des nouveaux génotypes ou phénotypes auraient très bien pu exister et devenir épisodiquement soumis à la sélection naturelle au gré des variations de l’environnement de l’espèce. Les deux mouvements neutralistes et adaptationistes n’étaient alors plus contradictoires mais pouvaient fonctionner ensemble.
Actuellement, je travaille sur des familles de gènes qui sont des séquences génétiques semblables provenant de la duplication d’un seul gène ancestrale. Ces familles de gènes ont l’avantage de ne nécessiter que d’une seule copie de celui-ci pour maintenir les fonctions originales codées par le gène originel et ainsi laisser potentiellement libre cours à l’évolution des autres copies. La contribution de la dérive génétique et de la sélection sur l’évolution des familles de gène est relativement inconnue et fait ainsi partie des buts à atteindre de ma recherche.
Les caractéristiques moléculaires et les bonnes connaissances de l’écologie des oiseaux couplées aux avancées du Laboratoire de Biologie de la Conservation (LBC - mon labo de Lausanne en Suisse) positionnent le complexe majeur d’histocompatibilité classe IIB (MHCIIB) des oiseaux comme un très bon moyen d’étudier ces questions. Compact mais également intraspécifiquement très varié, le MHCIIB des oiseaux se porte bien à des études comparatives et à l’identification de potentiels agents sélectifs. J’essaye de recouvrir les histoires de duplication de gènes chez les chouettes (Strigiformes) dans le but d’étendre mes recherches à toute la phylogénie des oiseaux. De là nous pourrons connaître les événements passés de recombinaison et de sélection et ainsi répondre à notre ultime question des processus de l’évolution qui agissent sur le système immunitaire des oiseaux mais aussi sur les familles de gènes en général.
Nigel : je crois que je t'avais fait lire ce truc là non ?
Bon auj j'ai un peu changé d'optique, je suis allé bien plus loin mais ce serait encore plus indigeste à vous transmettre.